Les artistes

Il ne faudra jamais dire ce qu’on a compris
On l’a fait par hasard et sans aucun mérite
Quand j’ai vidé ma poche il me reste le prix
De quatre roses rouges et d’un cornet de frites

Il ne faudra jamais…
Bernard Dimey (1931-1981)

Photo Sylvie Gaudel-Jardot

Les impostures du Grand Coucou

Bruno Cortot vit le jour par hasard à la croisée de deux chemins. L’un fuyait droit vers l’horizon pour ne mener nulle part en le laissant sur le bord du fossé. L’autre était pavé de bonnes intentions comme tous les enfers. Ce n’est pas ainsi que naît un bon fils, un bon gendre et un bon citoyen. Un poète peut-être ? Ou un bien artiste ?
La besace en bandoulière lourde du poids de la solitude, il a donc emprunté la vie buissonnière sur un sentier où les ronces et les épineux griffaient, le corps, le cœur et l’âme.
Il avait pris soin d’y glisser des crayons de survie, une gomme à refaire le monde, une collection de mots rebelles et des couleurs à éclairer l’espoir.
C’est ainsi que se sont passées une enfance difficile, une adolescence violente et douloureuse et une prime jeunesse compliquée.

A faim de tout savoir, il a dévoré les romans des auteurs classiques. Il a bu les vers fulgurants d’Arthur Rimbaud. Il a englouti les biographies des peintres bohèmes du début du XXe siècle. Il s’est repu des œuvres exposées au musée des Beaux-Arts de Dijon (c’était gratuit le dimanche !) se régalant de la donation Granville et des chevaux de Lapicque… Faisant de lui un être neuf avec la rage d’exister chevillée au corps.
Les rencontres ont fait le reste. Par ici une mémé qui tend la main… Par là un peintre fou qui prodigue ses conseils… Ailleurs, c’est un sourire qui rassure, une bonne âme qui tend un sandwich quand le ventre sonne creux…

Et finalement, c’est à Beaune que se posent plumes et pinceaux pour installer, avec Mady, l’Atelier du Cloître. De là naîtront les Chats-Moines qui, avait-on prédit, n’intéresseront jamais personne tant l’idée fuyait les normes. Mais… des hommes et des femmes, tout d’abord venus de l’étranger, ont été conquis, ou peut-être, ont trouvé un peu d’eux-mêmes dans ces félins, iconoclastes, chapardeurs, coquins, parfois irrévérencieux, mais tendres et terriblement humains…

Ses tableaux et dessins ont été exposés dans de nombreuses région de France et à l’étranger (Belgique, Allemagne, Suisse, Luxembourg…) et sont entrés dans des collections dans le monde (Europe,Japon, Etats-Unis, Canada, Russie…)